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D(H)OMMAGES

J'ai en tête un spot publicitaire vantant les mérites d'un liquide vaisselle.
Comme pour tout exercice de ce genre le scénario est savamment ciselé. Une étape précise retient mon attention, la séquence rinçage : pendant que l’eau ruisselle du robinet, le protagoniste fait glisser son index à l’intérieur d’un plat à gratins qu’il vient de récurer. Cette action génère un grincement que le prétendu leader en produit vaisselle a, à juste titre, mis en exergue: ce son atteste la disparition de tout corps gras et par conséquent que le nettoyage est effectif.

Dans mes investigations, je suis à la recherche de ce geste juste et nécessaire.

Je place la focale sur des éléments issus de nos référents culturels populaires.
Je fabrique des objets mais pas tout à fait et pas seulement. Parfois l’objet existe déjà. Pour qu’il m’intéresse il doit combiner un intérêt intrinsèque et présenter une carence. Alors, je peux court-circuiter l’ordre des choses.
Je ne me sens pas libre de créer des formes, celles-ci doivent s’imposer à moi selon des règles spécifiques à chaque cas de figure.
Mes objets ne sont pas d’une utilité manifeste, au sens usuel, ou ne tiennent pas les promesses auxquelles ils sont communément assimilés : d’une certaine manière je re-visite des archétypes.
Trouver “la juste mesure” ou “la mesure juste” me fait souvent osciller entre le trop peu ou le pas assez, et met en tension deux éléments : l’objet “o” et la matière “m” par le facteur “t”.
Le temps entre dans le processus de maturation et sa perception est induite par la nature même de l’histoire inhérente au choix des objets et celle de l’éventail de mes interventions.

J’use d’un vocabulaire et d’un répertoire de formes identifiés et identifiables, que j’amenuise si nécessaire jusqu’à en révéler l’essence à même de produire un impact que je souhaite très souvent corrosif.

 

Christophe Marguier, mars 2010